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Suite parution livre C. Jacquiau

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Message  matthieu gateau Mer 19 Sep - 17:21

Bonjour à tout le monde,
Je reproduis ci-dessous un courrier reçu ce jour de Max Havelaar France. Ca n'a rien de très scientifique mais c'est, me semble-t-il, très intéressant : il s'agit de la réponse de la Coordonation Latino Américaine et Caribéenne des Petits Producteurs de Commerce Equitable à la parution et l'impact négatif du livre de C. Jacquiau.
Bonne lecture
Matthieu


San Cristóbal de Las Casas, Chiapas, México
28 août 2006
Luuk Zonneveld
Directeur de FLO e.v
Bonn, Allemagne

Cher Luuk,
Nous avons reçu un exemplaire du livre de Christian Jacquiau “Les Coulisses du Commerce Equitable“, dans lequel plusieurs critiques sont formulées à l’encontre du système de labellisation de commerce équitable FLO. Face à cela, en tant que président de la Coordination Latino-américaine et Caribéenne des Petits Producteurs de Commerce Equitable, je me permets de vous faire les remarques suivantes :
1. Le système de commerce équitable labellisé a été créé sur l’initiative des organisations latino-américaines de petits producteurs. Nous avons cherché à construire une alternative commerciale permettant d’offrir des débouchés à nos produits à travers des petites, moyennes ou grandes chaînes de distribution de produits agro-alimentaires. L’objectif était de permettre à nos coopératives d’avoir un accès le plus directe possible au consommateur final, en lui offrant un bon produit, et en recevant un prix juste en contrepartie. Depuis plus de 15 ans, nous luttons pour que ce système se développe en respectant ses principes fondateurs tout en proposant toujours plus de produits, en intégrant toujours plus de producteurs, et impliquant toujours plus de consommateurs dans différents pays du monde.

2. Cette croissance a permis l’intégration de nombreuses coopératives de petits producteurs (aujourd’hui, plus de 300 de premier niveau) de 20 pays caribéens et latino-américains, dans ce nouveau système de commerce international. Nous confirmons clairement que les principes du commerce équitable - à savoir travailler avec des petits producteurs organisés de façon démocratique qui obtiennent un prix minimum garanti, compter sur le préfinancement des récoltes, dédier une partie des revenus à des projets de développement social et communautaire - ont apporté et apportent de nombreux bienfaits à des milliers de familles paysannes sur notre continent.
Face à un modèle économique néolibéral, où la seule alternative de développement pour les paysans en charge de leur famille est d’abandonner la campagne pour aller chercher un emploi dans les grandes villes ou dans d’autres pays, le commerce équitable représente une réelle opportunité de continuer à promouvoir un modèle de développement de l’agriculture paysanne dans les communautés rurales. Grâce au commerce équitable, de nombreuses communautés ont pu maintenir un espoir de vie et de développement. Le commerce équitable est bien plus qu’un label sur un produit, c’est un appui véritable au renforcement des coopératives agricoles, un vecteur de revenus suffisants pour vivre, la possibilité d’un échange commercial juste et équitable.

3. Après avoir passé plusieurs années à gérer une coopérative au sein de ce système, vendant la majorité du volume de production aux conditions du commerce équitable, on peut en voir les résultats concrets : d’un côté un meilleur revenu pour les producteurs et leurs familles, de l’autre côté le développement communautaire grâce à la création de centres de stockage et de services, l’achat de camions et autres équipements de transport, la création de programmes de développement technique, la mobilisation des femmes qui gèrent leurs propres projets, etc. Le renforcement et la reconnaissance de nos coopératives dans nos pays sont peut-être peu visibles aux yeux des Européens. Mais grâce à ce renforcement, nous faisons désormais partie des conseils nationaux, où sont définies les politiques publiques relatives à l’agriculture. Il y a quelques années, nous avons lutté pour instaurer l’agriculture biologique et durable contre la politique d’agriculture intensive qui utilise massivement les intrants chimiques. Aujourd’hui, nous avons des politiques d’incitation à l’agriculture biologique. Cela fait plusieurs années que nous réclamons des politiques d’ajustement pour obtenir des systèmes compensatoires et aujourd’hui, nous les avons obtenus, même au sein de gouvernements ultralibéraux. Dans de nombreux pays, nous faisons partie des Conseils Nationaux pour la Production et le Développement Rural. Nous, coopératives de petits producteurs, jouissons aujourd’hui d’une reconnaissance et d’un espace de parole qui nous était interdit auparavant. Peut-être ceci n’est-il pas valorisé en Europe car cela paraît normal, la représentation paysanne étant déjà importante au sein des parlements et des gouvernements, mais dans nos pays, elle a été une immense conquête pour notre avenir, et nous pouvons estimer que ce progrès est une grande réussite du système de commerce équitable.

4. Les bénéfices du commerce équitable ne sont pas seulement visibles au niveau des contrats de vente réalisés à chaque récolte. Ils sont bien sûr importants, mais ils génèrent également, de manière indirecte, de meilleures conditions commerciales dans les zones d’influence des organisations appartenant au système. Par exemple dans ma région, avant que les coopératives ne commencent le processus de collecte de café auprès de leurs membres, les intermédiaires et acheteurs des grandes multinationales payent un prix presque 50% moins élevé que la valeur du marché international, mais à partir du moment où la coopérative ouvre ses lieux de stockage et commence à recueillir le café de ses membres, le prix payé par les intermédiaires remonte à 20 ou 25% au-dessus de la valeur du marché, et à la fin de la collecte, le processus s’inverse. Les bénéfices du commerce équitable ne se limitent donc pas à l’impact économique direct pour les producteurs membres des coopératives certifiées, il faut également les mesurer à d’autres échelles. Mais cela nécessite une analyse bien plus profonde dans nos régions, et les sources de M. Jacquiau n’ont sûrement pas eu l’occasion de le faire.

5. Le problème soulevé dans ce livre est que, non seulement le commerce équitable n’a pu à ce jour intégrer qu’un nombre réduit d’organisations, de producteurs, de volumes de production, mais aussi que cette alternative n’est pas encore une référence au niveau international. Nous qui travaillons depuis des années au sein de ce système pouvons témoigner que les progrès obtenus sont déjà significatifs. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui se demandent pourquoi il existe d’un côté un commerce équitable et de l’autre un commerce qui ne l’est pas, et commencent à exiger des grandes entreprises des pratiques éthiques. Dans nos pays, de plus en plus de groupes de producteurs commencent à se demander quel type de d’organisation du travail il faut adopter et quel modèle de développement il faut promouvoir pour entrer dans ce système. Pour les coopératives ayant un niveau de développement avancé, la possibilité d’aider les groupes de producteurs plus récents ou plus petits représente une nouvelle perspective pour le commerce équitable. Les producteurs individuels sont encouragés à s’organiser. Ce processus est en marche, même s’il prend du temps comme toutes les choses bien faites. Exiger que les résultats de ce nouveau modèle se multiplient spontanément paraît bien peu logique pour les paysans comme pour les consommateurs.

6. Devant la croissance du système de commerce équitable et des nouvelles régulations internationales, il est apparu nécessaire qu’une tierce partie se charge de la certification, pour garantir pleinement au consommateur la fiabilité et la véracité du label. Ceci est un nouveau processus dans lequel nos coopératives investissent beaucoup d’efforts. La création de FLO-Cert représente un réel progrès pour assurer la crédibilité du système, mais son développement en tant qu’organisme certificateur étant encore récent, il reste du travail pour l’améliorer. Le discrédit que jette M. Jacquiau sur la certification indépendante du commerce équitable ne se base que sur quelques cas isolés. Le manque de proposition dans son livre nous signale le risque qu’il y a à nier tous les bénéfices acquis à cause d’un manque d’information ou que nous sommes face à une manipulation tendancieuse des cas ponctuels présentés.

7. Le système de commerce équitable labellisé, représenté par FLO au niveau international, apporte de nombreux avantages aux petits producteurs : un prix minimum garanti qui couvre les coûts de production et
permet d’atteindre un revenu suffisant pour assurer les dépenses nécessaires de la famille. Aucun autre système ne permet cela, et pour les petits producteurs, c’est ce qui fait la différence entre survivre difficilement et atteindre un niveau de développement dans leurs communautés.

8. Aujourd’hui, le système de commerce équitable labellisé (principalement FLO) est le seul modèle alternatif au libre marché affichant un succès croissant. Nous sommes plusieurs milliers de petits producteurs à avoir trouvé dans ce système un véritable espoir d’améliorer les conditions de vie de nos familles. Nous sommes profondément découragés de voir qu’une simple campagne polémique pourrait mettre fin aux efforts consentis depuis tant d’années pour établir un lien étroit entre les producteurs et les consommateurs. Pour toutes ces raisons, nous, petits producteurs latino-américains et caribéens de commerce équitable, sommes très inquiets des conséquences négatives que pourraient avoir les propos de M. Jacquiau ; et nous sommes convaincus que nous parviendrons à résoudre les problèmes ou anomalies qui apparaitraient dans ce système, grâce à l’engagement de tous ses acteurs (parties prenantes.).
Bien cordialement,
Victor Perezgrovase,
Président de la CLAC

matthieu gateau

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Message  Olivier PICAVET Jeu 20 Sep - 2:31

Bonjour,
On peut lire un entretien (qui date) avec Jacquiau qui s'explique, à cette adresse : http://www.arretauxpages.com/rencontre/article.php?id=23
Olivier

Olivier PICAVET

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